À l’origine de la création du mythique magazine, il n’y avait rien, aujourd’hui 90 m² de locaux abritent une équipe de cinq permanents et une trentaine de rédacteurs extérieurs. Mais de l’équipe originelle, seuls subsistent Yvan et Olivier.
L’homme est une mine, une mémoire, un creuset où chacun peut puiser, puisqu’il n’est pas avare de son savoir.
Consommateur dans sa génération, il faisait partie de ce petit groupe de Français fascinés par le manga et l’animation qui cherchait partout en Europe, voire dans le monde, les moyens de satisfaire sa curiosité. Déjà, il hantait, avant l’heure des grands rush, le peu de boutique vendant ces produits, cultivant une passion auréolée du sceau de l’amitié. Et en ce temps-là, on ne croulait visiblement pas sous les billets de banque. “J’ai vécu pendant des années grâce à un système d’achat et de vente de vieux jouets, ça me permettait d’acheter des cassettes vidéo pour enregistrer mes dessins animés préférés.” C’est une particularité de la passion de pousser à trouver un moyen, quels que soient les efforts à fournir, pour arriver à ses fins. Une particularité que l’on retrouve dans la naissance d’AnimeLand. L’opiniâtreté, l’acharnement à faire survivre la revue, c’est le fruit de sa passion, et seule cette source d’énergie lui permet de faire le sacrifice de ses nuits, de ses week-end, de ses vacances, de sa vie privée.
Des fondateurs aux différents intervenants, tous ont appris leur métier sur le tas, mû par la seule force de leur passion. Et si Yvan est seul aujourd’hui, c’est bien selon l’analogie selon laquelle le capitaine ne quitte jamais son navire, car nombre de participants passés par la revue ont fini par travailler dans le milieu de l’animation, AnimeLand servant de révélateur de leur talent. Et si Yvan avait dû faire autre chose ? “J’aurais aimé travailler dans le jouet, une autre passion personnelle” répond-il. Personnage compliqué, Yvan aime les gens simples, détestant les “esprits élitistes”, les flagorneurs et les méprisants. Agoraphobe et peu politique, il est de toutes les grandes conventions, mais préfère rester discrètement observateur. Pourtant, lorsqu’on l’interroge, il sait faire valoir sa parole. Yvan dessinait avant même de savoir parler. Et de ce fait, pendant longtemps, c’était là son principal moyen d’expression et d’évasion. Puis AnimeLand vint. “Moi, je suis un peu né avec AnimeLand”, déclare-t-il. De la même manière, le fanzine est né de cette urgence de pousser un coup de gueule, et depuis ce jour, Yvan a choisi de parler. Par cette autre dimension de l’expression qu’est l’écrit, Yvan a exprimé ses colères autant que ses joies. Et toujours l’accompagne la validation de l’authenticité. S’il se définit de lui-même comme un “pessimiste de nature”, l’expérience et les combats pour faire survivre la revue lui ont inculqué la méfiance et une pointe de paranoïa. Parfois obstiné et à la limite d’être buté, ce défaut devient une qualité lorsqu’il faut défendre la revue, et l’animation, contre les lieux communs. Yvan a également toujours refusé la facilité de l’hypocrisie, pour toujours privilégier le langage franc, quitte à froisser les susceptibilités, quitte à se fâcher avec les gens. Mais il n’est pas rancunier. Le temps passe et fait son oeuvre. Les grands projets motivés par la jeunesse se sont souvent heurtés aux réalités des requins du commercialement correct.
Fan devenu pro, Yvan WEST LAURENCE continue ainsi de maintenir l’esprit de la revue, l’âme du rédactionnel, dans un esprit passionnel. Soucieux, sceptique, méfiant, il reste le Cerbère de ses lieux. Et peut-être est-ce aussi là un des ingrédients de la longévité de ce magazine, d’avoir toujours eu un Yvan WEST LAURENCE pour la protéger.
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