Golden Kamui

20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 126)

Posté dans : Manga & BD

  • Kuronoe
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    Kuronoe le #421883

    Voilà un titre absolument fabuleux, vous pardonnerez le superlatif au bout de seulement deux tomes parus dans nos contrées hostiles, mais il faut appeler un chat un chat !

    Sugimoto est un vétéran de la guerre russo-japonaise. Ses exploits au combat lui ont valu le surnom de Sugimoto l’immortel. Il rentre au pays après le conflit et , comme nombre de ses camarades, se trouve livré à lui-même, incapable de se réadapter et finalement devenu un paria aux yeux de nombre de ses compatriotes.

    Il apprend l’existence d’un trésor qui aurait été constitué par les Ainous et dérobés par des bandits. Le plan menant au magot est tatoué sur le corps de prisonniers qui se sont enfuis de la prison d’Hokkaido. C’est ainsi que notre héros va se lancer dans une chasse au trésor dans les terres du Nord. Il y rencontrera une jeune Ainou, Ashirpa qui, elle aussi, est à la recherche de l’or dérobé à son peuple.

    Voilà un titre passionnant, mélange entre manga d’action, chasse au trésor et National Geographics. C’est à la fois un moment de détente et de découverte culturelle sur le mode de vie de cette minorité qui a quasiment disparu de l’archipel. On en apprend énormément et on en redemande. Satoru NODA a fait un travail de documentation titanesque et on l’en remercie. Le titre est également assez dur et sombre. Nos deux héros ne sont bien entendu pas les seuls en quête de ce trésor, des vétérans de la guerre sont également à sa recherche. L’auteur nous révèle ainsi les difficultés de réintégration de ces anciens combattants dans leurs foyers, les difficultés rencontrées par les gueules-cassées, on retrouve même d’anciennes gloires du shinsengumi animés par leurs anciennes convictions politiques. En bref, une galerie de personnages hauts en couleur au service d’une chasse au trésor passionnante dans un endroit peu connu du Japon (il n’y a pas qu’Akihabara dans l’archipel et c’est bien de le rappeler). Foncez !!

    Xanatos
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    Xanatos le #421885

    Merci pour cette critique détaillée, très bien écrite et enthousiaste de Golden Kamui mon cher Kuronoe ! 🙂

    Effectivement, le titre a l’air diablement intéressant, à la fois instructif, épique et passionnant.

    Cerise sur le gâteau, les dessins sont aussi franchement très beaux:

    Golden Kamui

    Cyril ainsi que Feanor avaient fait des critiques très positives dans le topic des manga culturels.

    Je compte faire un tour à la fnac demain matin, et, si je tombe sur le premier tome de Golden Kamui, je me jetterai dessus ! 🙂

    J’aime en général des oeuvres qui mêlent habilement fiction et réalité historique, surtout quand c’est bien fait.

    Plusieurs d’entre nous avons été marqués par l’excellent Kenshin le vagabond, qui, si n’était pas un manga historique, intégrait tout de même intelligemment des évènements historiques à sa trame qui étaient instructifs et passionnants. Et n’oublions pas le charismatique Hajimé Saito, un des personnages principaux qui a réellement existé et qui fut l’un des membres les plus forts des shinsengumi !

    Hajimé Saito

    Kuronoe
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    Kuronoe le #422440

    Hey Xanax ! J’espère que tu t’es laissé tenter. Je n’avais pas vu que Feanor et Cyril avait déjà posté sur le sujet, mais j’espère qu’ils viendront alimenter ce topic (au vu de la qualité du titre il mérite largement un topic dédié je pense et on va en reparler longuement)

    Pour en revenir au Shinsengumi, il n’est pas illogique de voir apparaître Hijikata dans Golden Kamui dès lors qu’il était encore vivant à l’époque et s’était réfugié à Hokkaido après la chute du Bakufu. Il avait rallié la République d’Ezo dont il était un membre du gouvernement en charge des armées. Quant à Hajime Saito, il a été un très grand guerrier (mais Nobuhiro Watsuki en a fait un quasi-dieu, sûrement le perso le plus classe dans Kenshin avec Aoshi) . Mais pour ma part, il a quand même retourné sa veste alors que la plupart de ses camarades continuaient la lutte (et il a fini alcoolo, ce qui gâche un peu le mythe ^^).

    Golden Kamui est également intéressant dans le sens où, au delà de l’aspect culturel et action, il s’agit d’un titre militant. A la fois fable écolo, c’est aussi un réquisitoire sur le sort réservé aux Ainous. Si ceux-ci ont amassé un tel trésor, c’était pour se protéger des japonais. Et à juste titre, entre assimilation forcée, esclavage, la discrimination dont ils sont encore victimes aujourd’hui, c’est un peuple qui a pris très cher. Et cet aspect politico-social donne à ce manga une dimension bien particulière.

    Feanor-Curufinwe
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    Feanor-Curufinwe le #422600

    Le deuxième tome est à la hauteur des attentes, du moins les miennes ! ^^
    Je suis toujours aussi fan des passages culturels, et le côté aventures n’est pas en reste. Mais y a un sacré taux de psychopathes dans ce manga ! 😆
    A côté des visages arrachés, du mangeage de doigts, des baguettes plantées dans les joues, de l’apparition d’une ancienne gloire du Shinsengumi et d’un loup sorti tout droit de Princesse Mononoké, les séances de dégustation d’yeux de lièvre ou de tête de loutre paraissent légères en comparaison ! 😆
    Bon, l’autre plaisir authentique à la lecture de ce manga, c’est à travers le personnage d’Ashirpa qu’on le ressent ! Enfin, ça et à travers elle tout ce qui a trait aux us et coutumes des Ainous ! Mais cette tête qu’elle fait chaque fois qu’elle tend quelque chose d’un brin exotique à manger à Sugimoto est tout aussi hilarante que la tronche que ce dernier tire lorsqu’il se force à goûter ! On notera aussi l’hypocrisie de la petite Ainou lorsque Sugimoto veut lui faire découvrir le Miso, qu’elle préférera nommer Osowa ! Je vous laisse le plaisir de découvrir la signification de ce mot dans le tome 2 de Golden Kamui, parce qu’une fois de plus, au cas où vous ne l’auriez pas compris, c’est à lire absolument ! 😆

    "With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
    Star Trek - The Next Generation / The Drumhead

    Xanatos
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    Xanatos le #422841

    Hey Xanax ! J’espère que tu t’es laissé tenter. Je n’avais pas vu que Feanor et Cyril avait déjà posté sur le sujet, mais j’espère qu’ils viendront alimenter ce topic (au vu de la qualité du titre il mérite largement un topic dédié je pense et on va en reparler longuement) Pour en revenir au Shinsengumi, il n’est pas illogique de voir apparaître Hijikata dans Golden Kamui dès lors qu’il était encore vivant à l’époque et s’était réfugié à Hokkaido après la chute du Bakufu. Il avait rallié la République d’Ezo dont il était un membre du gouvernement en charge des armées. Quant à Hajime Saito, il a été un très grand guerrier (mais Nobuhiro Watsuki en a fait un quasi-dieu, sûrement le perso le plus classe dans Kenshin avec Aoshi) . Mais pour ma part, il a quand même retourné sa veste alors que la plupart de ses camarades continuaient la lutte (et il a fini alcoolo, ce qui gâche un peu le mythe ^^). Golden Kamui est également intéressant dans le sens où, au delà de l’aspect culturel et action, il s’agit d’un titre militant. A la fois fable écolo, c’est aussi un réquisitoire sur le sort réservé aux Ainous. Si ceux-ci ont amassé un tel trésor, c’était pour se protéger des japonais. Et à juste titre, entre assimilation forcée, esclavage, la discrimination dont ils sont encore victimes aujourd’hui, c’est un peuple qui a pris très cher. Et cet aspect politico-social donne à ce manga une dimension bien particulière.

    Je suis allé à la fnac mardi dernier, malheureusement, le premier tome de Golden Kamui n’y était pas. Mais ne t’inquiète pas, je vais me laisser tenter, je pense que je vais le commander d’ici peu sur le site de la Fnac et j’ai hâte de découvrir cette oeuvre ! 🙂

    Je vois que tu t’es très bien renseigné au sujet du vrai Hajime Saito Kuronoe !

    C’est ironique qu’il ait échappé aux griffes de la mort à multiple reprises et que ce soit un ulcère à l’estomac qui ait eu raison de lui.

    En tout cas d’après ce que tu dis, Golden Kamui traite de plusieurs thèmes vraiment instructifs et captivants qui donnent non seulement envie de découvrir l’oeuvre, mais aussi d’en savoir plus sur l’Histoire du Japon au cours de cette époque là ! 🙂

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #431498

    Tiens, j’ai le premier tome (fait partie de mes cadeaux de Noël), et je vais m’y mettre incessamment sous peu !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #443517

    Comme promis je m’y suis mis, et j’adore !
    Je confirme à plein Kuronoe et Feanor, on n’attend plus que Xanatos (et bien d’autres!).
    Ce titre rejoint donc direct la petite quinzaine de mangas dont je suis la sortie.
    Le dessin n’est pas très élégant, mais cela est compensé par son excellente mise en scène narrative, et des pages fortes !
    Le héros central, Sugimoto l’Immortel, n’a rien d’une “innocente victime d’un destin aveugle”, c’est un dur qui malgré sa célébrité dans l’armée n’a pas obtenu de retraite tranquille ni de décorations parce qu’il a engueulé un supérieur. Il est aussi nietzschéen qu’on peut le souhaiter : “increvable” car intelligent, indépendant, courageux, il est très capable de tuer pour ne pas mourir mais il garde un sens éthique profond, celui du contrat loyal, ainsi qu’avec Shiraishi l’évadé, ou avec Ashirpa. D’ailleurs il ne veut l’or que pour sauver de la cécité la jeune épouse de son meilleur ami tué (enfin, il en est amoureux aussi, ce n’est pas un petit saint).
    Ashirpa, la jeune Aïnou, lui apporte de vitales connaissances sur l’adaptation à l’implacable milieu naturel de Hokkaido. C’est une gamine qui n’a peur de rien, aussi sérieuse que toute orpheline en position de survie, mais parfois triomphante ou joyeuse. A noter : sous la jaquette du tome 1 elle est dessinée en costume aïnou, de face et de dos. Le travail ethnologique sur ce peuple assez mystérieux est considérable, et passionnant.
    Quant à l’intrigue, elle promet de durs combats à ces deux errants en quête. La vraisemblance y est, enfin à peu près : tous ces soldats en rupture de rang et chasseurs de trésor à leur compte seraient normalement traités en déserteurs et pourchassés par une troupe régulière, tout de même… En effet le Japon vient de gagner la guerre de 1904-1905 contre la Russie (et déclenchée par celle-ci, contrairement à une légende française nippophobe, une de plus !). Les combats au Nord atteignirent même Sakhaline, ce qui permit au Japon d’en obtenir la moitié.
    L’auteur joue habilement des ellipses narratives, et bien que très instructif ce manga est construit un peu comme un film d’action qui ne traîne pas en chemin, les combats y étant rudes, crus parfois !
    Je n’ai pas encore le tome 2, mais il est certain que ça ne va pas tarder !

    Kuronoe
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    Kuronoe le #445144

    les combats y étant rudes, crus parfois !

     

    Je pense qu’il s’agit là, plus globalement, de la caractéristique de ce manga : cette ambiance rude, hostile. A la lecture, il s’en dégage un malaise comme on peut le ressentir quand on regarde des reportages ou des expos sur la première guerre mondiale. L’époque est sensiblement la même. Une époque rude, des soldats abîmés (physiquement comme psychologiquement, le climat hostile), l’inconfort, la nature sauvage. Mais cette ambiance parfaitement retranscrite permet une immersion totale.

    Le tome 4 est prévu pour ce mois, Yupi Yupa dépêche toi

     

    Xanatos
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    Xanatos le #445335

    Voilà, ça y est, j’ai enfin terminé ma lecture du premier volume de Golden Kamui.

    Bilan ? c’est EXCELLENT ! 😀

    Sugimoto le héros dégage un réel charisme et sa détermination à récupérer ce fabuleux trésor [spoil]pour l’offrir à la veuve et l’enfant de Toraji son défunt ami[/spoil] est admirable.

    Tout comme Yupa, j’ai été marqué par Ashirpa: cette jeune adolescente est stoïque, intelligente, débrouillarde, a la tête sur les épaules et sait garder son sang froid, même face à une brute épaisse. Et, effectivement, il lui arrive aussi d’être détendue et relaxée.

    J’ai été bien marqué aussi par ce moment du récit où Sugimoto et Ashirpa devaient affronter un ours mangeur d’hommes: on sentait une réelle tension lors de ce passage clé du récit, ne sachant jamais quand la bête va frapper.

    Une chose est sûre, la concurrence pour notre tandem pour avoir le magot va être rude, entre l’énigmatique homme “sans visage” (celui qui a tatoué l’emplacement du trésor sur plusieurs bagnards) et ses complices ainsi que les militaires de la 7e division qui veulent toucher ce pactole coûte que coûte, une vraie course contre le temps s’engage pour Sugimoto et Ashirpa !

    Le manga est aussi très instructif sur les moeurs, coutumes et traditions des Aïnous (le peuple dont fait partie Ashirpa).

    J’ai été bien marqué par la colère et la violence dont a fait preuve notre héros contre une ordure qui a tenu des propos injurieux et discriminatoires contre Ashirpa.

    Celle ci lui a dit “laisse tomber, j’ai l’habitude”, et Sugimoto qui répond dans sa pensée “PERSONNE ne doit s’habituer à ça”.

    On sent qu’il hait au plus haut point les affreux racistes et xénophobes !

    En bref, un manga fantastique qui a en effet une mise en scène fabuleuse et doté d’un scénario en béton armé ! 😀

    Je vais acheter au plus vite les tomes suivants !

    C’est tout simplement l’un des meilleurs manga du moment !

    Merci énormément Kuronoe de nous avoir conseillé cette perle ! 😀

    Feanor-Curufinwe
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    Feanor-Curufinwe le #445396

    Le volume 3 de Golden Kamui se rapproche plus encore, à mon sens, de Vinland Saga ! Ce qui est même hallucinant, c’est que le volume 17 de ce dernier est sorti récemment, et qu’il possède lui aussi beaucoup de points communs avec GK.
    Pour rester sur Golden Kamui, c’est la chasse à l’homme, et au loup, qui est au centre de ce troisième volume, toujours avec la forte prononciation de la volonté de survivre de Sugimoto, mais aussi quelques moments de tendresse entre lui et Ashirpa qui ne font pas tache dans le décor général. Et l’humour, toujours, comme lorsque Ashirpa refuse de partager une gourde d’eau ! L’auteur a un truc pour dessiner des tronches débiles, c’en est hilarant ! 😆
    Le tout avec un Hijikata plein de ressources, malgré son âge avancé ! Et une phrase qui résume bien l’oeuvre : “Pour survivre, il faut être prêt à mourir !

    "With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
    Star Trek - The Next Generation / The Drumhead

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #446014

    Le tout avec un Hijikata plein de ressources, malgré son âge avancé ! Et une phrase qui résume bien l’oeuvre : “Pour survivre, il faut être prêt à mourir !

    La phrase évoque tout de suite la fameuse “dialectique du maître et de l’esclave” de Hegel, et cela rejoint la maturité de ce titre. Par ailleurs Ashirpa le dit : “Les faibles, ils meurent !”, ce qui confirme…
    Les années les plus dures pour les Aïnous furent celles du fascisme japonais (1932 à 1945), et leur situation a été dénoncée par André Leroi-Gourhan qui leur a consacré un séjour et un ouvrage en 1937.
    Mais bien sûr au 19ème siècle déjà, ils subissaient de la part des Japonais exactement les mêmes brutalités racistes et inexcusables , voire les massacres, que les ethnies sibériennes face aux Russes, les tribus indiennes face aux Américains, les chefferies africaines face aux Français. Ceci pour le répéter : les Japonais ne se montraient pas spécialement pires que les autres à la même époque. Et la vie selon les sacro-saintes coutumes tribales ressemblait très souvent à une effroyable dictature minutieusement hiérarchisée à laquelle nul n’avait le droit d’échapper, sauf quelques chefs de clan, et encore… La réalité oblige à le préciser, le monde n’est pas un film avec des Bons et des Méchants en deux camps clairement distincts. Je l’ai peu lu, mais Vinland Saga le rend assez bien, comme tu le dis Feanor.
    On a cru longtemps que les Aïnous étaient des “Caucasiens”, mais maintenant on pense à une souche ancienne sibérienne du Mésolithique peu à peu chassée par les Mongoloïdes vers Sakhaline, Hokkaido et le Tohoku. C’est le Japon de Meiji, très anxieux des ambitions russes vers le Sud, qui a vraiment lancé la colonisation de l’île Hokkaido pour faire barrage au tsar. Peu de gens le rappellent, mais peu avant l’arrivée de l’escadre américaine de Perry forçant le Japon à l’ouverture, une escadre russe était descendue elle sur les côtes de Hokkaido : c’est ce qui a poussé Washington à l’action.
    Ah, ça y est, j’ai le tome 2 et le 3 ! Joie !

    Veggie11
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    Veggie11 le #446020

    Vu que Yupa le mentionne dans sa critique du tome 1, je suis très intéressée depuis un bon moment par ton point de vue  moins occidental à propos de la responsabilité de la guerre russo-japonaise. Partout en Occident, c’est toujours la même rengaine : les Japonais ont attaqué sans déclaration de guerre. Mais connaissant la grande sympathie des médias européens de l’époque pour un chef d’Etat caucasien et non un empereur asiatique (un ”Jaune” donc), je serais curieuse d’en savoir davantage, mais je ne sais pas quels ouvrages proposent une vision plus partiale de cette guerre et je crains qu’il ne s’agisse pour le moment que d’ouvrages en japonais. Du coup si tu pouvais me conseiller, je t’en remercierai amicalement !

    Il y a longtemps, j’avais lu dans une biographie (qui doit être restée en Suisse) que les Japonais auraient proposé à la Russie une sorte de partenariat concernant le sort de la Corée, vu que les deux Etats étaient intéressés, mais Nicolas II aurait refusé par haine des Japonais suite à l’attentat qu’il avait subi dans sa jeunesse lors d’une visite officielle. Je ne sais pas si cet élément a été reproduit dans d’autres ouvrages.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #446187

    Vu que Yupa le mentionne dans sa critique du tome 1, je suis très intéressée depuis un bon moment par ton point de vue moins occidental à propos de la responsabilité de la guerre russo-japonaise. Partout en Occident, c’est toujours la même rengaine : les Japonais ont attaqué sans déclaration de guerre. Mais connaissant la grande sympathie des médias européens de l’époque pour un chef d’Etat caucasien et non un empereur asiatique (un ”Jaune” donc), je serais curieuse d’en savoir davantage, mais je ne sais pas quels ouvrages proposent une vision plus partiale de cette guerre et je crains qu’il ne s’agisse pour le moment que d’ouvrages en japonais. Du coup si tu pouvais me conseiller, je t’en remercierai amicalement !

    Il y a longtemps, j’avais lu dans une biographie (qui doit être restée en Suisse) que les Japonais auraient proposé à la Russie une sorte de partenariat concernant le sort de la Corée, vu que les deux Etats étaient intéressés, mais Nicolas II aurait refusé par haine des Japonais suite à l’attentat qu’il avait subi dans sa jeunesse lors d’une visite officielle. Je ne sais pas si cet élément a été reproduit dans d’autres ouvrages.

    Il n’y a qu’à demander, chère Veggie : en effet il est très irritant de lire encore de nos jours de la propagande anti-japonaise à propos de cette guerre. Mais les bons ouvrages d’Histoire reconnaissent le désir de guerre de De Witte, ministre de Nicolas II (lequel en effet avait été blessé légèrement par le coup de sabre d’un samouraï qu’il avait traité en domestique). Ce ministre s’inquiétait du bouillonnement révolutionnaire en Russie, et pensait qu’une conquête victorieuse du tsar allait calmer l’agitation ; la Mandchourie avait été enlevée à la Chine en 1900 par les Russes. En 1904, pour forcer le Japon à la guerre, une armée russe de près de cent mille hommes traversa le Yalou, frontière avec la Corée, alors protectorat du Japon. Obligé de répliquer, Tokyo lança l’attaque de Port-Arthur et l’envoi de ses troupes en Corée et Mandchourie. La France étant l’alliée de la Russie, nul n’y souffla mot de l’agression russe, et ça continue souvent encore. Frédéric Mitterrand le Romanovophile est un beau cas dans le genre !!
    Dans l’Atlas Historique Perrin, p.389, on trouve cette rapide mention : “Surestimant ses propres forces, la Russie provoque le Japon en Corée (Compagnie forestière du Yalou). Guerre russo-japonaise (1904-1905). Défaite de la Russie.”
    Je suppose que cette compagnie forestière a servi de prétexte à la Russie. Il y a peut-être eu une proposition à ce sujet de la part du Japon, mais je n’ai pas ces détails. Je te préciserai des références plus complètes.

    Kuronoe
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    Kuronoe le #446461

    alors justement à ce propos, je vous renvoie au numéro de ce mois du Figaro histoire sur les mystères de la Révolution Russe et notamment l’article de notre Hélène Carrère d’Encausse nationale qui revient sur l’enjeu fondamental de cette guerre qui tendait à réaffirmer la légitimité et l’autorité de Nicolas 2 dans un contexte de remise en question de l’autoritarisme en Russie (bah çà a foiré)

    Veggie11
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    Veggie11 le #446465

    Je vais justement acheter ce numéro spécial du Figaro Histoire ce vendredi ! 🙂

     

    Yupa : merci pour ces quelques pistes, je vais déjà regarder du côté des derniers livres généralistes sur cette période ^^

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #446489

    Je n’ai pas encore lu mes volumes 2 et 3, mais pour expliquer le titre :
    “Golden” est de l’anglais (“doré” ou “en or”), et “Kamui” est le nom des “forces divines de la nature” selon les Ainous, terme qui a donné “Kami” en japonais. Les deux langues sont distinctes mais ont des points communs antiques. Les Aïnous représentent même peut-être la première civilisation au Japon (Jômon). Il n’en reste que très peu, car selon ce que j’ai lu chez Leroi-Gourhan les Aïnous cherchaient à marier leurs filles avec les colons japonais, souvent de jeunes hommes célibataires, pour alléger la pression colonialiste. Les intermariages continuent, et non, aujourd’hui il n’y a plus de “racisme” anti-Aïnou de la part des Nippons, à moins d’appeler comme cela le fait de les filmer et photographier quand ils se déguisent dans des villages pour touristes. Leur art décoratif est superbe et les costumes d’Ashirpa sous les jaquettes des tomes 2 et 3 le prouvent encore une fois.

    Selon un “Quid” de 1990 de ma bibliothèque, c’est Bezobrazoff, ministre des “affaires d’Extrême-Orient” à Saint-Pétersbourg, qui était en même temps le directeur de la Compagnie Forestière du Yalou, exploitant les deux rives, donc la Mandchourie et la Corée. En 1902 il y eut un accord russo-japonais sur l’évacuation des Russes du côté coréen. Mais début 1904 Bezobrazoff refuse toujours de l’exécuter. Le 26 janvier le Japon envoie une note au tsar pour réclamer l’application de cet accord. Poussé par De Witte et son PM Plehve qui lui disent que la guerre sera courte et victorieuse, assurant enfin à la Russie un tas de ports libres de glaces, Nicolas II choisit de considérer ce texte comme un ultimatum, n’y répond pas, et envoie une armée russe traverser le Yalou. Le Japon envoie des troupes en Corée. Le 7 février, un croiseur russe vient bloquer le port d’Incheon à côté de Séoul. A sa grande surprise, il se fait capturer par la flotte ultra-moderne de l’amiral Togo. Le 8, ce dernier envoie ses torpilleurs bloquer Port-Arthur pour empêcher la flotte russe de couper les liaisons Japon-Corée. Le 10, le Japon déclare la guerre à la Russie, laquelle ne se donne pas la peine d’en faire autant pour une bande de Jaunes qu’elle va disperser vite fait.
    Nombre d’ouvrages tiennent beaucoup à préciser “le Japon attaque Port-Arthur (voire “la Russie!”) SANS DECLARATION DE GUERRE”, hou le vilain sournois ! Remarquons que, les Russes ayant purement et simplement volé Port-Arthur et la Mandchourie à la Chine à la faveur de la Révolte des Boxers en 1900, ils n’avaient aucun “droit” à se trouver là !!
    Bref, inutile de rectifier la vérité, je l’ai souvent expérimenté : le nippophobe le restera quand même.
    Les batailles de la guerre furent terribles, et Golden Kamui le montre avec une grande force dans son début. Bien que vainqueur au final, le Japon en sortit épuisé économiquement et militairement, aussi “balafré” que Sugimoto. La bataille de Moukden fut la dernière grande “bataille rangée à l’ancienne”, 310 000 Russes contre le même nombre de Japonais, donc bien plus d’un demi-million de combattants !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #453896

    Golden Kamui, tome 2 :
    Wah ! ça reste excellent, pas étonnant qu’il ait été “maintes fois primé au Japon” selon la jaquette ! La traduction / adaptation de Ki-oon paraît très bonne aussi : on n’y repère aucune impropriété, maladresse ou ambiguïté. Les scènes-chocs, quelle puissance et quel réalisme ! plein la gueule, ou plutôt, arrache la gueule !
    Je m’aperçois avec satisfaction que l’auteur nous explique ici le comportement des soldats de Tsurumi, lieutenant déserteur et rebelle déjanté (le coup du doigt du capitaine !!), mais très logique dans son plan. Comme il le dit la Russie, agresseur vaincu, ne versa aucune réparation au Japon, à part Port-Arthur et l’abandon de ses prétentions sur la Corée. Les soldats japonais ne reçurent donc aucune prime, et devaient rentrer dans leurs foyers appauvris par l’énorme effort de guerre. On peut donc bien imaginer un groupe (une centaine selon Tsurumi) décidé à se tailler un fromage, un bol de riz pardon, avec leurs armes et d’autres achetées aux Américains. Cohérence parfaite donc.
    On en apprend encore des masses sur les Aïnous, leur vie en village, leurs moeurs : passionnant ! L’auteur semble un otaku de cuisine, et place pas mal d’humour à ce sujet. Mine de rien, on en apprend plus aussi sur Ashirpa.
    Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un manga du niveau d’un grand roman d’aventure comme celui-ci !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #462858

    Les tomes 3 et 4 restent passionnants.
    Dans ce manga, et c’était sûrement assez vrai, Hokkaido 1906 est bien une sorte de “Far-West” peuplé d’un ramassis d’aventuriers, de déserteurs, de pêcheurs pauvres, de prostituées et proxénètes, de déclassés.
    Shiraishi prend une dimension assez marrante : petit escroc glissant comme une anguille, mais au fond un ami pour l’équipe Sugimoto-Ashirpa. Il acquiert un statut presque trop comique, un peu caricatural, tout de même…
    Mais on n’oublie pas un terrible gaillard comme Nihei ! Autre inquiétant dérangé de la cafetière, le lieutenant Tsurumi se livre à une harangue théâtrale dont la gestuelle évoque tout de suite Hitler à la tribune !!
    Je trouve moins réussi le vieux shinsengumi Toshizo Hijikata, un peu superflu. C’est assez étrange, cette héroïsation du shinsengumi, fréquente en manga, animés, films (cf Sitoh, Kenshin le Vagabond, Jin, Tabou…) car enfin ils ne comprenaient pas le véritable salut du Japon. Mais on aime les “perdants magnifiques”.
    L’auteur abuse un peu de la passion culinaire, souvent un élément de détente comique, mais bon, c’est tellement “japonais” !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #468098

    Le tome 5 de Golden Kamui étant sorti, je l’ai acheté et lu.

    C’est formidable ! Top niveau pour moi, ex-aequo avec Dorohedoro. Quelle intrigue, quels personnages, quels retournements de situation, quelle puissance dans les scènes-chocs ! Tel un profileur expert, l’auteur nous fait pénétrer l’âme traumatisée du psychopathe tueur en série Kazuo Henmi jusqu’à sa fin, hyper-spectaculaire et dantesque mais paradisiaque pour ce givré sado-maso ! Tanigaki, ex-adversaire de Sugimoto, prend à son tour une stature héroïque et fort sympathique. Une “bouffonnerie” remarquable balance souvent la dureté de cette guerre de tous contre tous, féroce collision d’intérêts en cette vaste île sauvage et sans lois. Ces gags détendent un peu la tension. Au fond, si l’on excepte Henmi (et peut-être le très mystérieux Sans-visage), tous ces gens prêts à tuer ont pour cela leurs raisons, leurs objectifs. Même le sniper Ogata n’a pas voulu tuer Tanigaki dans la hutte aïnou parce qu’il aurait dû tuer les témoins aussi, donc la grand-mère, et il dit : “J’aime trop ma grand-mère pour tuer celle des autres”. Impitoyable, mais humain pourtant, très bien vu. L’Homme n’est pas mauvais par nature : il est peu recommandable, puisque capable de tout, telle est ma philosophie. Je jurerais que c’est aussi celle de Satoru Noda.
    Son bonus de fin de volume est d’un humour noir achevé !!

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #468487

    Et tiens, le tome 6 est sorti dans la foulée du 5 ! Me suis rué dessus et vais le lire avec jubilation !

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