Lou et l’île aux Sirènes
Réalisation: Masaaki Yuasa
Kai est un adolescent assez blasé et amorphe qui vit dans un village de pêcheurs.
Ses ami(e)s Yuho et Kunio lui proposent de former tous les trois un groupe musical dans lesquels ils laisseraient libre cours à leur talent. Ils se rendent sur une île proche du village pour composer leur musique et écrire leur chanson. C’est alors que Kai va vivre une expérience inoubliable: il fera la rencontre d’une adorable sirène prénommée Lou qui adore les chansons et la musique qui lui donnent frénétiquement envie de danser !
Lou et l’île aux Sirènes est le tout premier film d’animation réalisé par Masaaki Yuasa qui, jusque là, avait essentiellement travaillé sur des séries télévisées.
Il avait été entre autres le character de l’épisode spécial de Wakfu “Noximilien l’horloger” qui racontait la descente aux enfers de Nox l’antagoniste principal de la première saison et fut le réalisateur du troisième épisode de la série délirante Space Dandy.
Alors comment s’est il débrouillé sur son tout premier film d’animation cinématographique ?
Et bien n’ayons pas peur des mots: pour un coup d’essai, c’est un COUP DE MAÎTRE ! 😀
Yupa et moi nous sommes allés voir le film hier soir et nous sommes ressortis enchantés et totalement enthousiasmés de notre séance ! Ce long métrage regorge d’innombrables qualités !
Tout d’abord le character design est très original et sort des sentiers battus. Il est assez épuré et extraordinairement expressif, les personnages pouvant arborer des mimiques inattendues et particulièrement surprenantes ! Par ailleurs, les flash back ont un graphisme résolument différent du reste du film.
Et dans ce domaine il y’a des scènes fabuleuses et sidérantes de par leur originalité:
Ainsi au milieu du film, Kai, Yuho et Kunio interprètent leur chanson et leur musique avec Lou dansant en leur compagnie, et là, BAM ! les villageois se mettent à danser frénétiquement, leur morphologie se métamorphose radicalement sous nos yeux médusés et leur design devient beaucoup plus rondouillard et gesticulent dans tous les sens ! Comme me le signalait avec justesse Yupa, cette animation psychédélique et cette déformation visuelle rappelait avec bonheur les hilarants cartoons de Tex Avery (ce qui est tout à fait vrai) pour ma part, ce style d’animation me rappelait aussi les court métrages de Popeye réalisés par les frères Fleischer, notamment les mouvements “caoutchoutesques” de Olive Oyl la fiancée du marin borgne et rigolard le plus connu de la planète.
On sent que les animateurs se sont dit “Tout est possible dans l’animation, alors éclatons nous, lâchons nous !”
Ces moments frappadingues sont tout simplement jubilatoires et jouissifs ! 😀
L’animation elle est tout simplement parfaite, tant elle est incroyablement vivante, souple et extrêmement fluide.
Et il y a beaucoup de scènes surprenantes auxquelles on ne s’attend guère. Par exemple Kai et Lou se baladent tranquillement dans le village (Lou ayant la faculté de muer ses nageoires en pieds pour marcher sur terre), ils voient un chenil où se trouvent des chiens abandonnés…
et là, PAF ! Lou invoque son eau surnaturelle, elle envahit le chenil, elle mord les chiens qui deviennent des chiens marins respirant sous l’eau et elle les adopte tous !
Et puis les personnages sont bien campés. Kai est au début un garçon désabusé qui se laisse vivre, il n’y a pas grand chose qui le fasse vibrer… Mais au contact de Lou, il va se décoincer, devenir plus souriant, ouvert aux autres et enthousiaste. 🙂
Lou quant à elle est absolument adorable: elle est extraordinairement gentille, craquante, irrésistible, joviale et est dotée d’une bonne humeur communicative. Son seul souhait est de se faire des ami(e)s et de rendre les gens heureux.
Elle ressemble à s’y méprendre à la petite Ponyo de Ponyo sur la falaise en étant toutefois encore plus attachante que cette dernière.
Son père qui doit faire 40 mètres de haut a une tête de requin, mais il est très placide et sympathique, du moment qu’on ne fait pas de mal à sa fille. Son immense sourire évoque avec bonheur ce cher Totoro.
Tous les personnages sont attachants, bien caractérisés et très nuancés, aucun n’est tout blanc ou tout noir, et certains savent se remettre en question: je pense notamment à Yuho.
Masaaki Yuasa assume pleinement ses influences, il parvient toutefois à les digérer et instaurer son propre style unique.
Le film a aussi des thématiques intéressantes: le maire estime que Lou pourrait être une attraction fantastique qui attirerait les touristes et est à ses yeux une manne lucrative (ce qui n’enchante guère Kai), d’autres villageois au contraire ont peur des sirènes dont ils se méfient, notamment le grand père de Kai qui les tient pour responsables de la mort de sa mère.
Malgré son ton loufoque et ses innombrables passages désopilants, le récit est parfois très sérieux et dramatique, sans que ces passages ne sonnent faux ou artificiels.
La mise en scène est également très soignée et envoûtante et certains passages sont d’une efficacité à couper le souffle: ainsi au début du film, Lou emploie son eau surnaturelle pour faire monter le bateau de Kai, Yuho et Kunio et ils ont un panorama somptueux de leur village. Ce moment clé est tellement réussi qu’on a la sensation d’être à bord du bateau en leur compagnie à admirer ce paysage d’une beauté à couper le souffle !
En bref, n’ayons pas peur des mots, Lou et l’île aux Sirènes est un vrai chef d’oeuvre: ce film est inventif, hilarant, créatif, complètement fou, drôle, charmant, poétique et attendrissant. 🙂
Si il passe dans votre ville, ne le loupez SOUS AUCUN prétexte !
C’est l’un des meilleurs films de l’année et de loin ! 😀
