Mai Mai Miracle

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Posté dans : Anime & Animation

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #477021

    Ce film a obtenu le Prix du Public à Anima Festival 2010.
    Comme il est de Sunao Katabuchi, dont Dans un recoin de ce monde est sur nos écrans, j’ai eu la curiosité de revisionner mon DVD de Mai Mai Miracle, son long métrage antérieur. Tout comme l’autre film c’est en fait une adaptation assez libre d’un roman féminin, ici celui de Nobuko Takagi “Mai Mai Shinko”.
    Shinko est une fillette de 10 / 12 ans qui vit dans une maison traditionnelle et campagnarde près de la petite cité de Hôfu en Yamaguchi (au Sud-Ouest d’Hiroshima). Une immense plaine de champs de blé vert est l’essentiel du paysage, mais mille ans plus tôt c’était une capitale régionale bien plus active qui occupait toute la plaine. L’originalité du film est dans ces étonnants courts-circuits où par fondus-enchaînés l’époque Heian se substitue à l’époque moderne. Moderne façon de parler, car Shinko et son entourage vivent en 1955, dix ans après la guerre, dans un Japon qui s’en relève difficilement, encore marqué par un niveau de vie très bas. Toutefois une nouvelle élite aux moeurs “étrangères” est peu à peu dispatchée depuis Tokyo dans les zones rurales, et c’est ainsi que débarque du vieux train à vapeur un médecin veuf plutôt prospère et sa fille Kiiko, bien habillée, dotée de force jouets mais extrêmement timide. Elle est considérée avec stupéfaction par les élèves de la rurale école en bois, juste parce qu’elle possède une boîte d’une douzaine de crayons de couleurs avec autant de nuances. Elle est totalement déprimée par son premier jour d’école, mais la pétulante, joyeuse et farfelue Shinko va décider de l’approcher et de l’initier à une vie “paysanne” et simple ; petit à petit elles vont devenir les meilleures amies du monde, et le film montre habilement et de façon très vraie cette évolution. Mais une autre “pauvre petite fille riche” vit au même endroit, mille ans plus tôt : Nagiko, fille du préfet qui en l’an 955 vient s’installer en un palais (disparu sous les champs de blé). Sous ses vastes kimonos elle souffre d’une grande solitude et aspire à une amie de son âge qui viendrait jouer avec elle. On a là de s passages tout à fait émouvants. Heureusement à la fin une petite pauvresse sera son amie. Donc on a une construction parallèle assez frappante et un jeu temporel malgré les digressions en 1955, même si les rares “miraculeuses” interférences entre les deux époques auraient pu être plus fortes.
    Un passage se trouve à la limite du plagiat de “Totoro”.
    Un bon film, à voir vraiment, bien qu’un peu imparfait (je trouve la fin assez artificielle).

    Le DVD contient un bonus, interview de Sunao Katabuchi que j’avais zappée la première fois. On y apprend beaucoup de choses intéressantes, et notamment que la petite noble Nagiko a réellement existé, car plus tard elle prendra le nom de plume de “Sei Shônagon” pour écrire les célèbres “Notes de l’oreiller”, inventant en 970 le premier journal intime du monde !
    Quant à Sunao, il a été scénariste sur les épisodes “Sherlock Holmes” de Hayao Miyazaki, ce qui l’a amené à travailler chez Ghibli, sur “Kiki la petite sorcière”. Puis il a cofondé le Studio 4°C, créant son premier film, “Princesse Arete”.

    Xanatos
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    Xanatos le #478648

    Merci infiniment pour ta belle critique de Mai Mai Miracle mon cher Yupa ! 😀

    Je ne connaissais ce long métrage que de nom mais l’histoire est intéressante de prime abord et semble fort touchante…

    C’est plaisant aussi de voir qu’une fois n’est pas coutume, les filles riches ne sont pas dépeintes comme des pimbêches arrogantes et imbues d’elles mêmes, un cliché que l’on retrouve dans bien trop de fictions actuelles (heureusement dans Souvenirs de Gravity Falls, le personnage de Pacifica qui semblait au début correspondre à ce cliché s’avèrera par la suite beaucoup plus nuancée et intéressante).

     

    C’est bien aussi pour une fois qu’un film parle de la vie des civils Japonais dix ans après la guerre et que cela ne soit pas un énième long métrage sur la seconde guerre mondiale.

    Waou ! Nagiko fut l’initiatrice du premier journal intime ? Je pense qu’en le créant, elle ne pensait pas qu’elle créerait un “mouvement précurseur”, car de nos jours, bien des jeunes et moins jeunes tiennent un journal intime.

     

    Et bien Sunao Katabuchi a un sacré CV ! Scénariste des épisodes de Sherlock Holmes réalisés par Miyazaki, il a bossé sur Kiki la petite sorcière, cofondé un studio d’animation renommé…

    Au sujet de Princesse Arete, Mauser91 l’a récemment vu et m’en a dit le plus grand bien ! Tout comme Mai Mai Miracle, je dois penser à le voir ! 😉

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #485375

    D’après ton mail récent, Xanatos, tu as vu Mai Mai Miracle, DVD que je t’ai passé, et tu l’as beaucoup aimé.
    Toutefois on attend toujours ton opinion circonstanciée, que j’aimerais bien lire.
    Franchement je trouve l’oeuvre plutôt meilleure que Dans un recoin de ce monde.
    Pourtant la fin de “Mai Mai Miracle” est bien peu cohérente à mon sens, je pense que tu comprends pourquoi.

    Xanatos
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    Xanatos le #485411

    Oui tout à fait Yupa, j’ai franchement beaucoup aimé Mai Mai Miracle et je te remercie de me l’avoir fait découvrir. 😉

    Rassure toi, je compte bel et bien écrire une critique développée et très détaillée de ce long métrage, je la ferai ce week end (dimanche ou lundi) où je pourrai la peaufiner comme il se doit.

    Je l’ai également préféré à Dans un recoin de ce monde, ce dernier est très bon, mais Mai Mai Miracle m’a davantage ému et fait rire…

    Xanatos
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    Xanatos le #486308

    Mai Mai Miracle

    Mai Mai Miracle

    Réalisation: Sunao Katabuchi

    Voici comme promis ma critique du film. Tout d’abord, je tiens sincèrement à te remercier Yupa de m’avoir fait découvrir ce long métrage.

    Pour être franc: j’ai adoré ! 😀

    J’ai franchement trouvé le film formidable et plaisant de bout en bout.

    Le character design est charmant et dégage une chaleur très agréable, l’animation est d’une fluidité exemplaire, les décors sont beaux et enfin les couleurs chatoyantes sont absolument magnifiques, c’est un véritable enchantement pour les pupilles ! 😀

    Au sujet de l’histoire, j’ai immédiatement accroché.

    Le thème des deux amies qui ont des caractères diamétralement opposés est certes très classique (Shinko est extravertie, Kiiko est timide), mais il est formidablement traité ici. 🙂

     

    La jeune Kiiko qui a quitté la ville de Tokyo est très réservée, elle ne connaît personne et est de nature craintive (ses camarades l’intimident beaucoup, le chien de son voisin lui fait peur, même si c’est un adorable toutou très affectueux), toutefois, au contact de Shinko qui est extravagante, dynamique, espiègle et facétieuse, Kiiko sortira petit à petit de sa coquille, s’ouvrira davantage aux autres et se fera plein d’ami(e)s grâce à elle.

    Parmi les éléments que j’ai apprécié du film c’est l’imagination débordante de Shinko. Son grand père lui narra à quoi ressemblait la région dans laquelle ils vivent un millénaire auparavant et ses récits la fascinent tellement qu’elle “voit” à quoi ressemble les habitants de cette époque !

    Cet effet de style visuel fait écho à celui de l’héroïne du film Dans un recoin de ce monde où elle voyait de ses propres yeux ses futures peintures prendre vie.

    Cependant, la majeure partie de l’imaginaire de Shinko se base sur des faits réels et concrets qui se sont vraiment produit, seule une petite parcelle de celle ci concerne des personnages fictifs, comme un animal doté d’un sabre.

    Le film est drôle, envoûtant, plein de fraîcheur et la complicité et la connivence des jeunes enfants donne lieu à de nombreux passages attendrissants.

    Le film sait aussi surprendre car des passages comiques font parfois des révélations tristes sur certains personnages: 

    Spoiler

    ainsi la scène où Shinko, sa petite soeur et Kiiko sont ivres après avoir mangé des chocolats alcoolisés est au début très drôle, mais ensuite on apprend de la bouche de Kiiko (complètement hilare) que sa mère est morte quand elle était toute petite ! Une révélation qui m’a désarçonné sur le coup, tant je ne m’attendais pas à apprendre une chose pareille à ce moment là !

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    Les transitions de certaines scènes sont également très habiles: par exemple Kiiko fait un rêve où elle est la princesse Nagiko en personne, elle arpente les quartiers luxueux de la ville… et la seconde après, on revient dans le réel et l’époque présente où Shinko et son ami Atsuyoshi traversent un quartier mal famé.

    Cela débouche sur un passage fort touchant 

    Spoiler

    Atsuyoshi est ébranlé par le chagrin suite au suicide de son père qui fut criblé de dettes, il se retrouve face à la femme qu’il tient pour responsable du décès de son père, il s’apprête à la frapper pour le venger… Mais quand il remarque qu’elle est anéantie par la tristesse, il renonce à le faire.

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    J’aimais bien aussi les scènes où Kiiko s’inquiète pour la gentille institutrice Shizuru et espère qu’elle trouvera l’âme soeur…

    Au sujet de la fin,  je comprends que tu la trouves incohérente:

    Spoiler

    La mort du grand père de Shinko est triste et prévisible, mais pourquoi avoir fait déménager celle ci à Tokyo, surtout que les motivations du père ne sont pas très convaincantes.

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    C’est amusant, avec Klaark (éminent rédacteur de Planète Jeunesse), nous avions parlé de Sunao Katabuchi samedi dernier lors de nos retrouvailles à Paris, et, lui comme nous, estime que Mai Mai Miracle est un meilleur film que Dans un recoin de ce monde. Il trouve le premier plus abouti, plus original et plus dynamique que le second, qui, si il est un très bon film, souffre de quelques longueurs et omet certains faits historiques authentiques.

    Je n’ai pas encore vu le documentaire en bonus, je le verrai ce week end et je reviendrai sur ce topic pour donner mon avis sur celui ci.

    Néanmoins, je te remercie sincèrement Yupa de m’avoir fait découvrir ce bijou de Katabuchi qu’est Mai Mai Miracle qui m’a enchanté ! 😀

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #486396

    Oui, très bon film, et je suis content que tu l’aies aimé !
    Il a reçu des prix mérités, mais est resté assez sous-estimé par la critique et le public, c’est dommage.
    Le ton joyeux de “happy end” final m’a cependant paru contradictoire, fabriqué, car la situation n’a objectivement rien d’euphorique, au contraire…

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